Démolition

Dissociation aigue

C’est insidieux d’abord, presque naturel ; ça vous déconnecte des autres, ça vous coupe de vous-même. J’entends les battements de mes veines mais je suis incapable de comprendre les questions qu’on me pose.

C’est un rêve où on n’écoute plus grand chose, où on n’entend pas tout et où les choses se déforment - et le plus étrange, c’est que cela me gêne à peine. Je me sens mieux loin de mon corps et de mes émotions, je ne ressens plus que des sensations physiques qui bâtissent le paradis que je m’invente.

Je marche sur des nuages, j’entends tout et je n’entends rien à la fois ; une bulle imperméable me protège, un chemin impraticable se construit entre les autres et moi. Et alors je me sens invincible, heureuse et incomprise mais intouchable. On m’élève sur un piédestal que je n’avais jamais remarqué auparavant, je monte le plus haut possible puis c’est une chute dans un gouffre sans fond.

J’ai l’impression de me noyer, de boire la tasse à chaque pas et de ne plus pouvoir respirer. Je reprends mon souffle mais il est déjà trop tard. Les choses simples deviennent soudain insurmontables et les sentiments me paraissent beaucoup trop réels. Je monte dans la première rame de métro que je vois, je rentre chez moi le cerveau essoufflé et le coeur qui bat beaucoup trop vite.

Le souvenir de cette dissociation si particulière me hante ce soir.
Je dois démolir ce mal-être qui empoisonne mon corps depuis trop longtemps.