Démolition

L'autre monde


Un peu comme après une rupture amoureuse, j’ai le coeur en mille morceaux : où est ma verve, où sont mes passions, où est ma fougue ?

Je me souviens de comment je pouvais me lover dans les mots et de ce que l’écriture m’apportait - et pourtant, je ne prends plus cette peine.

Je ne prends plus la peine de transformer mes pensées en prose, de coucher mes angoisses sur un papier et de m’inventer un monde parallèle où tout me protège.

Et malgré mes peurs, je continue à me faire confiance ; quand j’étais enfant, je cauchemardais à l’idée de perdre mes mains - cela aurait été synonyme de mort atroce pour moi, tant il m’était vital d’écrire. Je griffonnais partout, tout le temps, seule ou non. C’est comme si je voulais retrouver un amour perdu, comme si je savais qu’il était encore possible d’ouvrir une brèche vers mon passé ; ce portail existe encore, quelque part. J’ai cherché ce passage invisible pendant des semaines ailleurs mais en réalité, il n’est qu’en moi.

Alors je l’avoue, je ne sais plus ouvrir cette porte et cela me fait flipper. Elle reste verrouillée mais je m’en souviens encore : lorsque je réussissais à la forcer, en plein milieu d’un texte, je me voyais propulsée si loin de mon corps. Les choses autour de moi me semblaient aériennes, plus rien n’avait d’importance, j’étais heureuse et sereine ; cette déconnexion du monde était la preuve qu’il en existait bien un autre. C’est une émotion que je qualifiais d’orgasme tant elle était parfaite, c’est un sentiment rond, incroyable, sans faille et sans limite.

L’écriture me manque.