Démolition

Les noeuds dans mon corps


Un par un, j’aimerais prendre le temps de les défaire ; si je déchire enfin ces noeuds qui m’empoisonnent toute entière, j’aurai l’impression d’avoir gagné. J’aurai l’impression d’avoir terrassé ces démons qui rongent mon corps, d’avoir vaincu ce virus qui rend mon âme si sombre, d’avoir annulé la plus longue maladie de ma vie.

Si je desserre un petit peu ces chaînes qui m’enserrent le coeur, je ferai enfin disparaître les cauchemars et les flash qui hantent mes nuits.

Mais la vérité, c’est que j’ai fini par avoir peur de tout : peur de parler devant les gens, peur d’écrire, peur d’aimer un peu trop, peur d’être moi.

"Je suis pas dans mon état normal. Je me sens mal, je me sens sale."
"Mal, je veux bien l’entendre. Mais c’est à lui de se sentir sale, pas à toi Sophie."

J’ai peur que tout soit bien trop emmêlé et que le travail ne soit trop difficile pour moi. Alors oui, j’essaie de ne pas placer tout mon espoir dans les séances de thérapie que je vais commencer, mais c’est plus fort que moi. Juste après une crise de panique, j’ai pour habitude de me calmer en me promettant que je guérirai et que je ne resterai pas comme ça toute ma vie. Et c’est sans doute vrai - enfin, peut-être que la guérison n’arrive pas, mais je continuerai à évoluer dans tous les cas. Je réalise que rien dans ma vie n’est binaire et je ne sais pas si je dois apprécier la beauté de la chose ou pleurer toutes les larmes de mon corps devant cette idée.

Et lorsque je me protège de ces craintes, le pire se produit : je ressens un mal infini m’envahir et je me noie sous des vagues d’angoisse. Je crois que c’est pour cette raison que je n’écris plus. Un peu comme si j’avais peur de me retrouver et d’accepter qui je suis vraiment, je préfère me cacher sous des artifices. Je répète un texte avant de parler aux autres, je calcule tout ce que je fais et cela pompe toute mon énergie.

Le 8 janvier 2023, 7h38 : 

J’ai hésité à poster cet écrit il y a deux semaines, alors j’y ai rajouté quelques petits trucs et je l’ai quand même publié ; c’est à ce moment que j’ai commencé à aller très mal. Quand j’ai compris que je dévalais une pente cruciale pour ma santé mentale, j’ai essayé de m’accrocher à ce que je pouvais. De toutes mes forces, je veux m’en sortir. Mais cette fois, je n’ai pas réussi - je me sens déconnectée de tout, des autres et surtout de moi-même. Je ne sais plus qui je suis, j’évolue autour d’un seul et même noyau : les viols que j’ai subis et les traumatismes que cela engendre.

Et à force de contrôler mes pensées négatives, j’ai fini par exploser : dans la nuit, j’ai senti un point de non retour et j’ai fait d’énormes crises d’angoisse. Je dois peut-être passer par là pour comprendre que j’ai besoin de guérir, pour comprendre que non, ce n’est pas parce que j’ai quitté mon ex copain que tout rentrera dans l’ordre. J’ai encore tant de choses à faire pour redevenir moi-même.