Démolition

Objectif : m'aimer


Il serait sans doute dangereux voire étrange d’être certaine de ce que je fais ; et je pense qu’il faut m’y habituer, que la vie est emplie d’incertitudes et d’évidences qui se brisent un jour où l’autre. Alors, on jongle, de vérité en vérité, et on profite du présent, on évolue en pensant à la suite et en essayant, à la fois, d’y penser le moins possible.

Dans ma tête, c’est le désordre - sans doute parce qu’un peu plus tôt dans la semaine, j’ai revu l’homme que j’aime encore pour récupérer mes dernières affaires. Il est vexé car j’ai supprimé nos photos sur les réseaux sociaux ; je comprends sa frustration, mais il m’en a parlé jusque tard dans la nuit hier et la culpabilité m’a tellement rongée que j’ai eu du mal à m’endormir. Pour des photos supprimées. Parce que son absence est difficile. Parce que j’ai peur à l’idée d’affronter mon passé et de constater l’ampleur des dégâts qu’il a causés. Pour tout ça.

"C’était un peu un prétexte pour qu’on puisse se revoir. Maintenant qu’on n’a plus ce prétexte, on se reverra quand, tu penses ?"

Ce dont je suis certaine, c’est qu’on ne gère pas notre rupture de la meilleure des façons. Si j’ai décidé de freiner mes visites et mes messages depuis que j’ai récupéré toutes mes affaires, il a l’air difficile pour lui de tout abandonner. Il ne m’envoie plus rien mais m’a expliqué qu’il se bride comme jamais et se force à ne pas m’appeler alors qu’il en meurt d’envie - ce que je comprends totalement car moi aussi. Mais ma décision est prise, je ne veux plus le faire souffrir et je ne veux plus de cette culpabilité qui m’a rongée de si nombreux mois.

Je veux qu’il s’aime sans moi. Je veux m’aimer sans lui, je veux prendre soin de moi sans plus jamais craindre ce que les autres pourraient me faire subir. Parfois, j’essaie de me souvenir des pensées que j’avais il y a un ou deux ans ; étais-je sûre de ce que je faisais ? Non, pas vraiment, je crois. Et pourtant, ces doutes et ce chemin imprécis m’ont laissé découvrir des gens et des endroits magnifiques. C’est tout ce qui compte à la fin de la vie, je crois bien. On grandit. Parfois en mal, parfois en bien - mais au final, c’est cette dualité qui nous fait vivre.